Lorsqu’elle était sortie, il était en train de l’attendre. Un sourire avait éclairé son visage lorsqu’elle était venue vers lui, bien que son regard trahît des pensées bien moins innocentes. Il lui avait tendu son bras, elle l’avait attrapé, et ils étaient partis à pied vers l’appartement du jeune homme, qui était à deux rues de là. Il semblait être un habitué des lieux. La danseuse aurait peut être dû être méfiante, car des rumeurs trainaient à propos de corps, principalement de jeunes femmes, retrouvés avec d’horribles mutilations dans le quartier. Mais pour elle, l’important, c’était de finir la soirée en beauté. Son compagnon d’un soir avait l’air impatient.
Ils étaient entrés dans le vieux bâtiment, avaient grimpé les escaliers jusqu’au troisième. Il n’y avait qu’une seule porte à cet étage. L’appartement qu’elle dissimulait était plutôt petit. Le lit trônait au centre de la pièce. Quelques bougies étaient allumées. Le jeune homme avait visiblement prévu de terminer la soirée ainsi. Parfait, il allait être servi. La danseuse lui avait alors sauté dessus, ne pouvant se retenir plus longtemps.
Ils s’étaient étalés sur le lit, leurs deux corps s’étreignant passionnément, leurs souffles chauds se mélangeant. Elle avait gémi, il avait grogné. Elle l’avait griffé dans le dos, il l’avait saisi fermement par les hanches. Ils étaient arrivés au bout de la chose ensemble. Mais ni l’un ni l’autre n’en avaient assez. Ils avaient recommencé, cette fois dans le coin qui servait de cuisine. Ils avaient repoussé ce qui se trouvait sur le plan de travail et avaient recommencé de plus belle.
Et soudainement, une lame qui n’avait pas été complètement repoussée avait jailli. C’était maintenant évident, s’ils étaient là, c’était pour finir la soirée dans le sang. Ils s’étaient battus, chacun essayant de prendre le dessus de l’autre. Mais le meurtrier qui sévissait dans le quartier était bien préparé. Les coups de couteau avaient plu, le sang avait jailli, et lorsque le dernier souffle de vie s’était échappé du corps encore chaud de la folle nuit qu’ils venaient d’avoir, un rire sinistre s’était fait entendre.
Le lendemain, ça avait été la concierge qui avait découvert le corps. La police était rapidement arrivée sur les lieux, et avait rapidement conclu qu’il s’agissait du même serial killer que celui qui avait laissé les autres corps retrouvés maintenant presque quotidiennement. Des incisions avaient été pratiquées post mortem, comme si le meurtre n’avait pas été suffisant, comme si les pulsions meurtrières avaient eu besoin d’exprimer leur splendeur dans l’horreur des blessures que le meurtrier avait infligé. À la fin de la journée, après avoir terminé leur travail dans l’appartement, la police avait quitté les lieux. Le cadavre du jeune homme avait été évacué beaucoup plus tôt pour être remis au légiste.
Cette soirée avait été bonne. Le public avait beaucoup applaudi, la salle avait été pleine à craquer. Les danseuses avaient salué à la fin, comme à leur habitude. À ce moment, elle avait remarqué un jeune homme qui la regardait avec insistance. Intéressée, elle lui avait adressé un clin d’œil, puis s’était éclipsée dans les loges pour se retransformer en la personne qu’elle redevenait tous les soirs. La soirée s’annonçait encore meilleure.
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