Un soir, il a ramené un de ses amis à la maison, qui s'était visiblement soûlé à la fête d'où ils rentraient, en me promettant qu'il ferait la vaisselle tout le week-end si je voulais bien être un peu compréhensive. J'ai failli refuser, vu l'état dans lequel les deux garçons étaient, mais j'ai eu un peu pitié et je me suis rangée de mon côté, en me disant qu'une nuit n'était pas grand-chose. Heureusement, il n'y a pas eu de flaque de vomi à nettoyer le lendemain. En fait, quand je me suis réveillée, il ne restait plus que mon colocataire.
Je m’en souviens comme si c’était hier. Ces bruits. Cette sensation d’être épié. L’envie irrépressible de se trouver à n’importe quel autre endroit. Et surtout, cette voix qui me glaçait le sang plus que tout. Mes amis me disent souvent que je suis un trouillard. C’est vrai que je ne suis pas très courageux. Je ne supporte pas les films d’horreurs. J’angoisse facilement quand on me raconte des histoires qui font peur ou que je lis des choses étranges sur internet. Je me fais souvent des films tout seul. Mais cette fois-là, ma peur n’était pas sans raison.
Lorsqu’elle était sortie, il était en train de l’attendre. Un sourire avait éclairé son visage lorsqu’elle était venue vers lui, bien que son regard trahît des pensées bien moins innocentes. Il lui avait tendu son bras, elle l’avait attrapé, et ils étaient partis à pied vers l’appartement du jeune homme, qui était à deux rues de là. Il semblait être un habitué des lieux. La danseuse aurait peut être dû être méfiante, car des rumeurs trainaient à propos de corps, principalement de jeunes femmes, retrouvés avec d’horribles mutilations dans le quartier. Mais pour elle, l’important, c’était de finir la soirée en beauté. Son compagnon d’un soir avait l’air impatient.
De l’oxygène. C’était tout ce qu’il voulait. Juste un petit peu d’oxygène. Habituellement, il se souciait peu de ce qui emplissait ses poumons, la planète était bien loin d’un manque de cet élément vital à tous. Cependant, à cet instant, c’était la seule idée qu’il avait en tête, il lui en fallait maintenant. Il se débattait depuis un moment, mais son destin semblait scellé. La lutte était vaine, et il était seul. Ni sa famille, ni ses amis ne savaient où il était. Il était impossible qu’il subsiste, dés l’instant où sa tête avait coulé, son ultime chance s’était envolée. La sensation que ses poumons s’enflammaient le gagna ; sa volonté s’éteignit. L’eau se faufila en lui, si vite qu’elle lui sembla comme impatiente. De toute façon, ça lui était égal. Il cessa ses mouvements et accepta sa défaite.