#mort
posté le 19-05-2016 à 18:05:29

Nous ne voulons pas mourir - 9 septembre 2026

Notre petite rencontre ne s’est pas du tout déroulée comme prévu. Lorsque j’ai discrètement quitté ma couchette pour rejoindre Frank sur le toit, j’ai jeté un œil autour pour m’assurer que personne n’avait remarqué mes mouvements, puis je suis allé prendre mon arme, je suis sorti. Mon compagnon était déjà en train de discuter avec les deux autres lorsque je suis arrivé à l’extérieur, et tous trois ont paru satisfaits de me voir. Nous avons commencé à faire le point sur ce que nous savions, c’est-à-dire trois fois rien. Le camp est relativement calme en ce moment, et même si le réveil de la femme aux cheveux noirs a causé un peu d’émoi, la tension semble empêcher tout le monde d’entreprendre quoi que ce soit. Chacun observe les autres et garde ses doutes pour lui.
 


 
 
posté le 06-04-2015 à 19:08:52

Tomber dans le trou

Connaissez-vous l’origine de toutes les expressions que vous utilisez ? Des fois, on apprend des choses assez surprenantes en cherchant un peu… Ou alors par hasard, après avoir discuté avec une personne d’un autre âge, trop heureuse de nous en apprendre plus sur n’importe quel sujet.Le récit que je vais vous faire vient d’ailleurs d’une de ces fameuses discussions, c’est un homme qui s'était présenté en tant qu'ami de mes grands-parents qui m’a parlé de cette histoire un jour où il venait leur rendre visite. Comme beaucoup de jeunes, alors que mon grand-père s’était excusé un moment et tardait à revenir, je n’ai pas pu m’empêcher de lui lancer « Bah alors ! T’es tombé dans le trou ou quoi ?! » à travers le couloir. À peine je terminais ma phrase que le visiteur me regardait d’un air scandalisé. Je ne sais plus trop si je me suis excusé ou pas, par contre je me souviens bien de ce qu’il a dit pour entamer le sujet :« Malheureux ! As-tu au moins une idée de ce que tu es en train de dire ? »Je n’ai pas trop su quoi répondre, et il a enchaîné sur une histoire assez ancienne, qui lui avait été racontée par sa propre grand-mère, a-t-il dit. À l’époque, elle et son mari vivaient à Londres, et c’était l’époque des Grandes Puanteurs. La Tamise avait beaucoup baissé et les excréments mélangés aux déchets des boucheries bloquaient le canal. La ville était envahie par les mouches et l’air était tellement irrespirable que des gens se couvraient la bouche de mouchoirs pour pouvoir respirer, un peu comme en Chine aujourd’hui. Du coup, les gens étaient furieux et essayaient de s’en aller, même les politiques ont déplacé leurs bureaux pour essayer d’échapper à l’odeur. Quand le niveau de la Tamise a remonté et que la situation s’est calmée, les gens ont compris qu’il était peut-être temps de réfléchir à un moyen d’évacuer les déchets autrement qu’en laissant tout passer dans les rues.Au début, on a essayé d’améliorer les égouts qui existaient déjà. Ça se passait bien, en général, et puis de temps en temps un ouvrier disparaissait. Comme ça, sans crier gare. Ce n’était pas très surprenant non plus pour l’époque, alors on lançait des recherches sans trop se poser de questions. De toute manière, ça n’arrivait pas fréquemment, et on n’était même pas sûr que l’ouvrier ait disparu dans les égouts ou à l’air libre. Alors le réseau a été terminé, et globalement on peut dire que ça s’est déroulé sans anicroche. Les maisons et les commerces y ont été reliés, et ça a tout de suite facilité la vie de beaucoup de monde.Comme le système était tout nouveau, par contre, on voulait s’assurer que tout fonctionnait bien, alors de temps en temps on envoyait des gens vérifier que ça ne bouchait nulle part. Ça a permis une ou deux fois de réfléchir à quelques petites modifications, parce que tout n’était pas encore parfait. Mais le vieil homme m’a raconté que c’est à ce moment-là que certaines personnes ont commencé à se poser des questions, parce qu’on demandait les observations des gens qui descendaient, et tous faisaient la même remarque : les déchets humains s’écoulaient le plus souvent normalement, mais les déchets des commerces étaient anormalement peu nombreux. On a envoyé des gens vérifier que tout était correctement relié, et même si une boucherie avait eu des problèmes d’évacuation, globalement ça allait. On a supposé que le système marchait mieux que prévu, mais certains des agents qui descendaient n’étaient pas de cet avis. Eux, ils étaient sûrs d’avoir vu des restes de viande rongés jusqu’à la moelle.D’ailleurs, on a commencé à leur donner un peu de crédit quand on a retrouvé le corps d’un des ouvriers qui avait disparu pendant l’aménagement des égouts. Il ne restait que quelques ossements, mais on a quand même pu l’identifier à son équipement qui lui avait été arraché. Après l’avoir découvert, on a tout de suite pensé à une colonie de gros rats. Ça correspondrait bien à ce qu’avaient observés les autres employés, et il suffisait que l’ouvrier ait glissé et se soit fracassé le crâne contre une paroi en pierre pour que les nuisibles soient venus profiter de sa carcasse. Du coup, quelqu’un a eu une brillante idée, celle de mettre de la mort-aux-rats dans les déchets des boucheries pour régler le problème. Ça a plutôt bien fonctionné vu que peu de temps après, on a pu constater que le nombre de déchets venant des commerces augmentait dans les égouts. Seulement après il y a eu la première mort réellement inexpliquée.C’était une vieille dame qui habitait en face de chez les grands-parents de notre hôte. Elle allait souvent au marché pour faire ses courses, mais elle a cessé d’y venir du jour au lendemain. Et quand ses voisins du dessous ont commencé à se plaindre d’une odeur épouvantable, on a fait venir la police pour ouvrir la porte et vérifier que tout allait bien. Ils ont d’abord fouillé tout l’appartement sans la trouver, ils ont ouvert la porte de la salle d’eau seulement après. C’est là qu’ils ont compris pourquoi on ne la voyait plus. La pauvre avait été réduite en charpie, le haut de son corps trempait encore dans la cuvette tandis que le bas était tombé par terre. Les insectes avaient envahi la pièce depuis un moment et se chargeaient d’éliminer progressivement les restes, mais on a quand même facilement pu constater que toute la région du bassin était manquante. Vu les marques, il semblait qu’elle avait été arrachée.Les autorités auraient été désemparées ne sachant pas trop quoi faire. Et il n’a pas fallu longtemps pour qu’on signale un deuxième, puis un troisième cas. Comme pour les fois suivantes, on n’a retrouvé les corps que quelques temps après la mort. Bien que le nécessaire ait été fait pour que ce ne soit pas ébruité, probablement pour éviter la panique, les rumeurs couraient vite à l’époque, et il n’a pas fallu longtemps pour qu’on en parle aux coins de rue ou dans les bars, sans trop savoir ce qu’il en était réellement. C’est à ce moment que l’expression « tomber dans le trou » est apparue, pour éviter de parler distinctement de la chose tout en restant suffisamment compréhensible. Je me souviens de ne pas avoir réussi à m’empêcher de rire lorsqu’il m’a dit ça. Mais à ce stade de l’histoire, j’étais partagé entre le comique de l’expression et le malaise par rapport aux évènements, de sorte que même si je riais, j’étais un peu crispé. Le vieil homme m’a regardé d’un air condescendant, et ça a achevé de me rendre mon calme. Il avait l’air de prendre cela très au sérieux, et c’est vrai que même si la fin des dernières victimes ressemble à un épisode de South Park, l’idée de quelque chose rôdant dans les égouts prêtait déjà beaucoup moins à rire. Sans compter son air mystérieux qu'il avait pris à mesure qu'il avançait dans son récit et qui commençait presque à me filer la chair de poule. On aurait dit qu'il délectait de son histoire. Mais ça ne devait qu'être moi.Il a continué l’histoire en me disant qu’à ce stade, sa grand-mère était devenue très inquiète, parce que son grand-père faisait partie de ceux qu’on envoyait de temps à autres vérifier que tout allait bien. Il lui disait qu’elle n’avait pas à s’en faire et qu’il n’y avait jamais eu l’ombre d’un danger quand il était descendu, mais lui-même avait de moins en moins envie de faire son travail. Quand la huitième victime a été retrouvée, ils ont envisagé de se retirer à la campagne le temps que ça se tasse. Mais ils ne l’ont jamais fait, parce que tout s’est terminé avant qu’ils n’en prennent vraiment la décision.À peine une semaine après, des policiers passaient par hasard dans une rue quand on a crié au secours depuis une fenêtre. C’était une femme qui les a fait rentrer et les a menés jusqu’à la salle d’eau où tressautait le corps de son mari qui semblait vouloir se faufiler tête la première dans la cuvette des toilettes. Le bras droit et la tête avaient déjà disparu, et quelque chose continuait de tirer dessus en provoquant des craquements immondes. Un des policiers a dégainé son arme et tiré sur la cuvette qui s’est fendue, relâchant ce qui restait de l’homme dans un flot de sang. Ils ont entendu un crissement dans les canalisations, et puis plus rien. La femme leur a raconté que son mari avait entendu des bruits provenant des tuyaux et que, croyant que quelque chose s’y était coincé, il avait voulu l’en déloger, mais qu’il s’est mis à hurler et n’a plus réussi à se libérer.Le soir même, la décision était prise de murer les canalisations et de chercher un autre système d’évacuation des déchets. Les travaux ont été accomplis en vitesse, et on a préféré employer les toilettes sèches pendant un certain temps. Certains employés racontent qu’avant de finir l’emmurement des égouts, ils ont cru apercevoir du mouvement dans le dernier des accès, mais rien ne leur a permis de le confirmer. Ce n’est que bien plus tard, quand ils ont finalement été rouverts pour devenir ce qu’ils sont aujourd’hui, qu’on a pu voir que quelque chose avait gratté contre la paroi. Mais c’est resté si longtemps fermé qu’il y avait assez peu de chances pour qu’un être vivant ait survécu jusque là. L’histoire menaçant la crédibilité de la ville, elle a vite été effacée des archives et n’a survécu que dans l’esprit de ceux qui l’ont vécue. La cause de la mort des 9 victimes a été remplacée par quelque chose de moins « incongru », et les ouvriers présumés morts ont été déclarés disparus sans plus de précisions.Au moment où le vieux a terminé son récit, je me rappelle avoir sursauté à cause de la porte d’entrée que ma grand-mère a fait claquer en rentrant. Quand elle a vu avec qui je discutais, elle a eu l’air surprise, mais elle a secoué la tête et est allée voir ce que faisait mon grand-père. C’est le moment qu’a choisi notre hôte pour s’en aller, en s’excusant du fait qu’il n’avait pas vu l’heure. Il m’a demandé de le dire à mes grands-parents avant de sortir, me laissant en plan. J’ai failli essayer de le retenir, mais mon grand-père m’a appelé à ce moment et je n’ai pu qu’accepter. Quand il m’a dit que c’était parce qu’il avait entendu de drôles de bruits dans les tuyaux et qu’il voulait que je l’aide à déboucher les toilettes, j’ai failli faire une attaque. J’ai fait en sorte qu’on ne s’en occupe que plus tard dans la journée, et ça m’a rassuré. Je me suis senti idiot très longtemps après ça, je me disais que je m'étais laissé impressionner pour rien. Le jour qui m'a définitivement collé le doute et a achevé d'imprimer cette histoire profondément dans ma tête a été celui où on a dû changer les sanitaires à cause d'une fuite du tuyau et que j'y ai trouvé à l'intérieur des traces d'éraflures qui n'avaient définitivement pas été causées par le tartre.
 


 
 
posté le 06-06-2014 à 00:53:44

Un Slenderman ?

Si j’écris ce témoignage, c’est pour vous faire part de ce qui est arrivé à un ami à qui je tenais beaucoup. Les circonstances de sa disparition ne sont toujours pas claires, mais il est évident que tout ce qui va suivre est l’œuvre d’une personne malveillante. Mon ami Kélian vivait dans un petit village tranquille, dont je ne donnerai pas le nom par soucis d’anonymat. Ça ne faisait pas bien longtemps qu’il vivait là-bas car il avait quitté le lycée depuis à peine deux ans, tout comme moi d’ailleurs. Nos chemins se sont séparés à cause de ça (je vis en effet à présent dans un pays étranger) et c’est pour cette raison que je n’ai entendu parler de cette histoire que tardivement, c'est-à-dire à mon retour chez moi pendant la fin des vacances d’été. À ce moment, j’ai voulu reprendre contact avec mes anciens amis, et tous ont répondu, sauf lui. J’ai alors appelé chez sa mère pour lui demander si tout allait bien, et elle m’a répondu agressivement qu’elle ne voulait plus jamais entendre parler de lui avant de me raccrocher au nez. C’est suite à cet échange que j’ai décidé d’aller voir par moi-même ce qui se passait. Ayant son adresse, j’ai pris la voiture et me suis rendu là où il vivait désormais. Le souci, c’est que sa maison était à l’écart des autres, et je n’ai pas trouvé tout de suite, j’ai dû demander mon chemin, et c’est là que j’ai vraiment commencé à m’inquiéter. Au début, on n’a pas voulu me répondre, et lorsque j’ai trouvé quelqu’un disposé à me répondre, il m’a chaudement conseillé de passer mon chemin car ce n’était pas le genre de personne à qui l’on voulait rendre visite. De toute manière, avait-il ajouté, il y avait peu de chances que je le trouve chez lui, il n’y avait pas de signe de vie par là-bas depuis au moins deux semaines. Quand je suis arrivé chez Kélian, j’ai pu constater que c’était vrai. La boîte aux lettres au bout du chemin menant à la maison était pleine à craquer. La porte d’entrée n’était même pas fermée. Curieusement, il n’y avait pas de trace de vandalisme. Par contre, je suis tombé sur un écureuil qui fouillait dans la cuisine. Il a très vite détalé quand il m’a vu. La poussière commençait à s’installer. Ça faisait bien deux semaines que plus personne n’avait bougé quoi que ce soit dans cette maison. En regardant dans le salon, j’ai trouvé quelques dessins, probablement faits par son petit frère ou sa petite sœur, et aussi une page visiblement arrachée d’un carnet. La page qui m’a fait tout découvrir. Voilà la photocopie d’un des côtés :
http://4.bp.blogspot.com/-nleiL5R2VA0/U5DclRr4sxI/AAAAAAAAABk/0fi1LeEjEDM/s640/scan+12.jpg
 


 
 
posté le 02-06-2014 à 20:20:05

Monsieur Zénèdjet

La vie de Baile Lutrot pouvait aisément être comparée à un long fleuve tranquille. Il n’avait ni femme, ni enfant, mais cela lui convenait, il n’avait de toute manière jamais été le genre d’homme à faire fondre la gent féminine. Le trentenaire vivait dans un petit appartement en plein centre-ville, ce qui lui permettait de tout avoir à quelques pas de chez lui et de ne pas avoir besoin de se déplacer autrement qu’à pied. En bref, il n’y avait pas vraiment de raison qu’il lui arrive quelque chose de notable, et cela fut vrai jusqu’au jour où il rencontra la peur qui, malgré quelques manières un peu étranges, était une personne tout à fait charmante.

 


 
 
posté le 01-06-2014 à 04:00:31

Nous ne voulons pas mourir - 8 Septembre 2026

La femme aux cheveux noirs s’est réveillée. Quand ses yeux se sont ouverts, elle a fait un genre de couinement et s’est plaquée contre le mur, comme si elle avait peur des gens qui l’entouraient. Elle sortait probablement d’un cauchemar. On a vite remarqué qu’elle avait perdu l’usage de la parole. Elle gémit parfois, mais c’est absolument tout, elle ne s’exprime plus que par des gestes. C’est assez étrange. Probablement personne n’avait pensé qu’une telle chose pourrait arriver. C’est un peu compliqué pour la comprendre, mais on se débrouille. On lui a demandé si elle se souvenait de ce qui s’était passé, si elle savait qui l’avait agressé, mais elle n’a visiblement rien voulu divulguer. Elle a l’air de se souvenir qu’elle a été attaquée, mais de n’avoir aucune idée de qui a pu faire ça. Elle nous regarde tous de la même manière. Avec le même regard vide. Ce qui est étrange, car elle a en même temps l’air d’être effrayée.
 


 
 
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