Heureusement, rien de plus n’est arrivé aujourd’hui. On en a eu assez pendant les derniers jours de toute manière. Le jour suivant l’enterrement, bien que ça a été beaucoup plus calme, la tension n’est pas retombée. Il faut dire que la présence d’un grand nombre de monstres dans notre champ de vision n’était pas pour nous rassurer. Il n’y avait que notre champ de mines amoindri et notre ceinture de barbelés endommagée qui nous séparaient d’eux, pour nous c’était comme si nous étions déjà face à leurs gueules béantes, exhalant une haleine pestilentielle, quelques instants avant de se faire déchiqueter. À présent, nous étions 27, dont 9 personnes qui ne savaient pas se défendre, et parmi ceux qui étaient capable de tenir une arme, certains ne pouvaient supporter de voir leur mort en face d’eux. Ce qui fait que nous n’étions plus qu’une douzaine à protéger notre petit trou, qui était déjà devenu trop vaste pour nous.
Je ne sais pas comment commencer ce que je veux écrire aujourd’hui, mais je dois me dépêcher, je n’ai pas beaucoup de temps, la situation est devenue compliquée au bunker. Quand j’écrivais, des hurlements ont retenti. Je me suis précipité dehors en prenant mon arme au passage, et je suis arrivé devant un spectacle horrifiant. 2 des 6 lâcheurs gisaient déjà au sol, en charpie, tandis que les autres faisaient face à une véritable armée de créatures. Toutes celles qui auraient du nous attaquer ces derniers temps avaient l’air de s’être rassemblées et d’avoir attendu le moment opportun. Cependant, et c’était peut être ça le plus flippant, la plupart restait un peu en retrait et observait simplement le spectacle de quelques unes de leurs congénères en train de jouer avec leurs proies. On aurait dit un combat entre des gladiateurs et des lions dans une arène, sauf que le public aurait été composé de ces derniers. Un bon nombre des nôtres tirait sur les bêtes, et ils en abattaient quelques unes, mais elles n’en avaient cure. En fait, elles attendaient quelque chose qui s’est produit dans les minutes qui suivirent.
Rien ne change. Rien de nouveau à l’horizon. Du moins, à l’extérieur. Dans notre bunker, l’atmosphère se crispe. Déjà, Lili est clairement malade. Elle mange relativement peu, ses cernes s’agrandissent toujours malgré les heures qu’elle passe à dormir, et sa peau ne retrouve pas la moindre couleur. On dirait qu’elle a passé des années enfermée dans une cave. Ça me fait peur, j’ai demandé de l’aide, mais personne n’a l’air de savoir ce qu’elle a. Jonas, un blond aux cheveux longs qui doit à peine avoir la trentaine, a dit qu’il allait rester un moment auprès d’elle pour essayer de trouver, car il a un peu d’expérience pour reconnaître les maladies, ayant fait une année sociale en Afrique, mais il ne peut pas non plus aider beaucoup. J’attends, j’espère qu’il trouvera et qu’on aura de quoi la soigner. J’ai peur qu’il lui arrive quelque chose…