La vie de Baile Lutrot pouvait aisément être comparée à un long fleuve tranquille. Il n’avait ni femme, ni enfant, mais cela lui convenait, il n’avait de toute manière jamais été le genre d’homme à faire fondre la gent féminine. Le trentenaire vivait dans un petit appartement en plein centre-ville, ce qui lui permettait de tout avoir à quelques pas de chez lui et de ne pas avoir besoin de se déplacer autrement qu’à pied. En bref, il n’y avait pas vraiment de raison qu’il lui arrive quelque chose de notable, et cela fut vrai jusqu’au jour où il rencontra la peur qui, malgré quelques manières un peu étranges, était une personne tout à fait charmante.
De l’oxygène. C’était tout ce qu’il voulait. Juste un petit peu d’oxygène. Habituellement, il se souciait peu de ce qui emplissait ses poumons, la planète était bien loin d’un manque de cet élément vital à tous. Cependant, à cet instant, c’était la seule idée qu’il avait en tête, il lui en fallait maintenant. Il se débattait depuis un moment, mais son destin semblait scellé. La lutte était vaine, et il était seul. Ni sa famille, ni ses amis ne savaient où il était. Il était impossible qu’il subsiste, dés l’instant où sa tête avait coulé, son ultime chance s’était envolée. La sensation que ses poumons s’enflammaient le gagna ; sa volonté s’éteignit. L’eau se faufila en lui, si vite qu’elle lui sembla comme impatiente. De toute façon, ça lui était égal. Il cessa ses mouvements et accepta sa défaite.
Ceci est un texte retrouvé sur un certain nombre de forums traitants pour la plupart de sujets douteux que j'ai visités, laissé sous divers pseudonymes. Sa fréquence a naturellement attiré mon attention. Il traite d’une créature perfide et mortelle, que j’appellerai le Conteur, conformément à la description qui en est faite. La plupart des exemplaires ont été supprimés au bout d'un moment mais, en cherchant bien, il doit toujours être possible d'en trouver un ou deux. Le texte n’est pas signé.
Halloween. Fête de la peur précédant le jour de la veillée des morts, occasion pour les enfants de se déguiser en créatures de la nuit pour aller quémander des bonbons de maison en maison, occasion pour les plus grands de réveiller en eux leurs peurs les plus ancestrales au moyen d’histoires contées au coin du feu ou de mises en scènes macabres avec des amis. C’est cette dernière option qu’avait choisi le groupe dont Christian et Marie faisaient parti. Le petit bois qui se trouvait non leur avait donné l’idée de jouer à un Slender – jeu de survie disponible sur internet qui remportait alors un petit succès, où le protagoniste doit échapper à un grand homme sans visage – grandeur nature.