C’est ce que sembla entendre Mehdi lorsqu’il sortit de sa torpeur, les yeux embrumés et le crâne transpercé par une douleur lancinante. Les mélanges qu’ils avaient faits la veille n’avaient vraiment pas été une bonne idée, après tout. Robin et lui avaient voulu faire les malins, et maintenant voilà où il en était, à ne même plus se rappeler comment tout s’était fini, ni quelle était la date au juste. Il poussa un grognement et essaya de se faire une meilleure idée de ce qui l’entourait. Il était sur le sofa, dans le salon de sa sœur Isra, une couverture grossièrement posée sur lui, une bassine à ses pieds. Qui avait servi, visiblement. Charmant.
De l’oxygène. C’était tout ce qu’il voulait. Juste un petit peu d’oxygène. Habituellement, il se souciait peu de ce qui emplissait ses poumons, la planète était bien loin d’un manque de cet élément vital à tous. Cependant, à cet instant, c’était la seule idée qu’il avait en tête, il lui en fallait maintenant. Il se débattait depuis un moment, mais son destin semblait scellé. La lutte était vaine, et il était seul. Ni sa famille, ni ses amis ne savaient où il était. Il était impossible qu’il subsiste, dés l’instant où sa tête avait coulé, son ultime chance s’était envolée. La sensation que ses poumons s’enflammaient le gagna ; sa volonté s’éteignit. L’eau se faufila en lui, si vite qu’elle lui sembla comme impatiente. De toute façon, ça lui était égal. Il cessa ses mouvements et accepta sa défaite.
Je m’en souviens comme si c’était hier. Ces bruits. Cette sensation d’être épié. L’envie irrépressible de se trouver à n’importe quel autre endroit. Et surtout, cette voix qui me glaçait le sang plus que tout. Mes amis me disent souvent que je suis un trouillard. C’est vrai que je ne suis pas très courageux. Je ne supporte pas les films d’horreurs. J’angoisse facilement quand on me raconte des histoires qui font peur ou que je lis des choses étranges sur internet. Je me fais souvent des films tout seul. Mais cette fois-là, ma peur n’était pas sans raison.
Ceci est un texte retrouvé sur un certain nombre de forums traitants pour la plupart de sujets douteux que j'ai visités, laissé sous divers pseudonymes. Sa fréquence a naturellement attiré mon attention. Il traite d’une créature perfide et mortelle, que j’appellerai le Conteur, conformément à la description qui en est faite. La plupart des exemplaires ont été supprimés au bout d'un moment mais, en cherchant bien, il doit toujours être possible d'en trouver un ou deux. Le texte n’est pas signé.