Le Knirps est quelque chose que peut de gens connaissent, parce qu’il sévit assez discrètement. Il tient son nom des premiers qui ont eu affaire à lui, des allemands de la forêt noir qui ont fini par disparaître sans laisser de trace. La police a commencé à s’intéresser à l’affaire après quelques disparitions et pensait traquer un enfant farceur, ou dans le pire des cas psychopathe, à cause de ce que rapportaient les témoignages. Mais après quelques mois, les investigations ont brusquement cessé, et toutes les informations à propos du Knirps ont disparu de la circulation. Quelques personnes dont des membres de la famille sont portés disparus à cause de lui continuent de réclamer justice, d’autres qui ont été un peu plus proche des disparus au moment des faits tiennent des discours un peu étranges. Seuls un petit nombre de témoignages a pu être rassemblé par ceux qui ne veulent pas lâcher l’affaire, en voici quelques uns (pour respecter l’anonymat de ces personnes, les noms ont été changés):
« Je ne me sens pas en sécurité quand je descends dans les sous-sols. Je connais deux personnes qui ont été enlevées par le Knirps. Ça ne dure jamais bien longtemps, dés lors qu’on l’a vu, on le recroise quelques fois en perdant petit à petit la raison, et du jour au lendemain, on n’est plus là. Je pense qu’il nous emmène en Enfer, c’est un démon qui prend l’apparence d’un enfant aux yeux jaunes. » - Patricia, 42 ans, amie de deux personnes enlevées en 1989 et 1994.
« Il est venu dans son manteau tout noir, la première fois je lui ai fait peur avec de la lumière alors il est parti. Après il me disait souvent qu’il voulait jouer avec moi la prochaine fois qu’on se verrait, il me le disait dans ma tête, parce qu’il peut parler même quand il est pas là. Un soir il est revenu et il voulait faire cache-cache, on a joué toute la soirée ! Mais ma maman elle est rentrée et quand elle m’a vu dans la cave, elle m’a demandé ce que je faisais, alors je lui ai dit que je jouais avec mon ami. Elle a pas compris et a voulu me faire remonter, mais quand je lui ai dit que je voulais pas laisser le Knirps tout seul, elle a eu peur et m’a fait remonter tout de suite, et elle a fermé la porte, et elle m’a dit que c’était un méchant qui enlevait les gens et que je ne devais plus jouer avec lui. Le soir, il m’a demandé pourquoi je l’avais laissé tout seul et m’a dit qu’il était triste, je lui ai dit que ma maman voulait plus qu’on se voit, alors il m’a dit qu’il viendrait en cachette dans la cave et qu’il m’attendrait pour me montrer un nouveau jeu. Je sais pas si je peux y aller parce que je veux pas que ma maman soit en colère. » - April, 8 ans, portée disparu depuis décembre 2006.
« Le Knirps me poursuit, c’est déjà la troisième fois que je le vois ! On dit qu’il emmène les gens sous terre et qu’on ne les revoit jamais. J’ai peur de descendre dans ma cave tout seul, c’est là qu’il était la dernière fois, il m’a fixé pendant quelques secondes avec ses yeux jaunes, puis il a couru vers moi comme un hystérique et s’est enfui par la porte. Personne ne l’a vu chez moi, mais il a laissé de la terre dans le couloir de l’entrée. » - Jürgen, 27 ans, porté disparu depuis juin 2012.
« Mon fils a disparu il y a trois mois de ça. Au début je pensais à une fugue, et plus le temps passait, plus je pensais que quelque chose n’allait pas. J’ai fouillé dans ses affaires et j’ai trouvé ce cliché peu engageant sur sa clé USB. Comme je ne savais pas ce que c’était, je l’ai montré à plusieurs personnes, mais personne n’a compris ce que c’était jusqu’à il y a peu, c’était un soir où mon mari avait invité des amis à manger, ils ont vu cette photo sur l’écran de mon ordinateur et ont commencé à pâlir. Ils nous ont regardé comme des fantômes et nous ont demandé qui avait pris cette photo. Lorsqu’ils ont su que c’était mon fils, ils ont paru se détendre et m’ont dit que si c’étaient nous qui avaient pris les « yeux de la cave », ils seraient partis car ils auraient été en danger. Une de leur connaissance a aussi vu ces yeux, et on ne l’a jamais retrouvé. Là, j’ai paniqué, et le lendemain je me suis précipité au commissariat avec la photo en espérant qu’on pourrait m’aider, mais je n’ai obtenu qu’un « on va faire de notre mieux », sans qu’ils ne donnent jamais suite. Alors j’ai essayé de rassembler des données sur cette chose, de trouver des gens qui avaient été de près ou de loin mêlés à une histoire le concernant, et c’est comme ça que j’ai compris que je n’obtiendrais aucune aide de la police, car elle avait abandonné l’affaire depuis longtemps. » - Martha, 35 ans, propos recueillis en janvier 2013.
« Il y a un mois, j’ai perdu un de mes amis. Jeff, qu’il s’appelait. On se connaissait depuis qu’on était gamins. Il a été porté disparu, mais moi je pense qu’il reviendra pas. Ça a été dur à avaler. Mais bon, au début, je le savais pas non plus, c’est seulement qu’après, je l’ai cherché, je me disais qu’il en avait eu marre et était parti faire une connerie, alors forcément j’ai essayé de le retrouver. Faut dire qu’il allait pas trop bien, depuis quelques temps. Il me disait souvent qu’il entendait des voix d’enfant qui lui murmuraient à l’oreille. Je me suis inquiété, forcément. On est allé consulter un psychiatre, mais ça n’a pas servi à grand-chose, après quelques séances il lui a prescrit des pilules qui n’ont jamais eu d’effet. Le pauvre garçon dormait mal à cause de ça.
Après, je me suis rappelé un soir où on rentrait à pied d’une soirée arrosée, on est passé sous un tunnel à un moment, il y faisait aussi noir que dans un cachot sans fenêtre, du coup après quelques pas il a pris son portable pour faire un peu de lumière, et là on s’est tapé un gros coup de flippe. Une petite silhouette s’est dessinée à quelques mètres de nous, c’était un nabot dans un manteau noir bien trop grand pour lui qui s’est barré en hurlant dés que la lumière a été tournée vers lui. Vu la voix, c’était probablement qu’un mioche. Mais j’ai fait le lien avec ce qu’il entendait dans sa tête, parce que ça a commencé pas longtemps après aussi. Moi… J’dis pas que ça m’est pas arrivé d’entendre ce genre de chose, mais pas assez pour que j’y fasse gaffe, lui c’était carrément tous les jours.
Une autre nuit, il est venu chez moi, l’air hagard. J’ai pensé qu’il avait pris quelque chose qu’il fallait pas, mais il m’a dit ce qui le mettait dans cet état, après le boulot il est allé cherché sa voiture dans le parking sous-terrain de son entreprise et les plombs ont sauté. Il était pas trop loin de sa voiture, alors il y est allé à tâtons, mais il a entendu des bruits de pas rapides autour de lui alors il a essayé de faire de la lumière avec ses phares, sauf qu’il a rien vu. Pourtant, il était sûr qu’il y avait quelqu’un. C’est là qu’il a senti qu’on le fixait de dos, et il a entendu une respiration sifflante. Il s’est encore retourné mais encore rien, alors il a commencé à chercher partout, mais les voix ont recommencé dans sa tête, elles lui disaient « Viens jouer avec moi, Jeff », c’en a été trop et il s’est enfui. Sur le coup, j’ai pensé qu’il avait eu des hallucinations et c’est là qu’on a décidé d’aller voir le psychiatre, c’était peut être simplement qu’il était surmené, ça le rendait sensible à tout et n’importe quoi.
L’avant-veille de sa disparition, il m’a appelé, terrorisé. Je ne comprenais pas grand-chose de ce qu’il disait, mais j’avais clairement saisi que quelqu’un s’était introduit chez lui et qu’il ne voulait plus rester seul. Quand je suis arrivé chez lui, il était recroquevillé dans son canapé et n’arrêtait pas de marmonner dans sa barbe. J’ai essayé de lui parler, mais il m’a regardé d’un air absent en me disant que le petit homme allait venir pour lui. Je n’ai rien réussi à en tirer d’autre, alors je nous ai fait à manger, j’ai allumé la télé et on a passé la nuit dans le salon. Le lendemain matin, il avait l’air d’aller un peu mieux et m’a laissé rentrer chez moi. C’était la dernière fois que je le voyais. Il m’a appelé le soir même, en me disant d’une voix étrange que je serai le prochain, puis y a eu un bruit de verre brisé, et après plus rien, il répondait plus à ce que je disais. Au bout d’une minute, ça a raccroché. J’ai supposé qu’il avait trop bu et s’était endormi, faisant tomber son verre, et j’ai laissé ça au lendemain. Mais quand on est venu chez lui, il n’était pas là. Le téléphone était décroché dans le salon, le combiné reposait à côté d’une bouteille cassée, et il y avait de la terre un peu partout autour. » - Jonathan, 22 ans, en asile depuis mai 2013 ; on suppose qu’il a aussi vu la créature.
D’autres témoignages beaucoup plus incomplets sont également en notre possession. En recoupant les éléments récurrents, nous pouvons dire que le Knirps est une créature humanoïde de la taille d’un enfant (certains pensent que c’en est un alors que d’autres affirment que c’est une autre ruse) avec des yeux jaunes et toujours dans un manteau noir qui semble trop long pour lui, qui apparaît exclusivement dans des lieux souterrains. Il semble que l’on puisse toujours dénombrer trois apparitions avant la disparition de quelqu’un et qu’il agisse toujours selon le même mode opératoire : il se laisse découvrir au moyen d’une source de lumière la première fois avant de s’enfuir, suit sa victime en demeurant invisible la deuxième fois et fait semblant de l’attaquer en poussant des hurlements avant de disparaître. À ce jour, la durée entre les enlèvements et la dernière apparition de la créature n’a jamais excédé un mois. La créature semble être douée de télépathie et communique avec ses victimes à partir du moment où elles l’ont vu. On ne sait pas ce qu’elles deviennent. Par ailleurs, il ne semble pas avoir de zone de prédilection, car il a frappé dans plusieurs pays à la fois. On peut supposer qu’il y en a plusieurs, ou alors qu’il peut se rendre où il veut en un temps très court.
En tout cas, une chose est sûr : mieux vaut être prudent et ne pas sortir seul lorsque l’on se rend sous la terre.